L'allumette de trop : être idiot c'est beau !

Publié le par Magnange

L'allumette de trop.


Cette histoire commence comme toutes les histoires de maison hantée.


D’un côté, il y a un manoir où, accessoirement, ont été commis des crimes affreux, et qui se vend maintenant au prix d’un cabanon, bien entendu. Cette immense maison se trouve sur un lieu-dit, la colline maudite, à l’écart de tout autre village et ville alentour. Il faut donc une bonne voiture et beaucoup de patience pour rejoindre la civilisation.
Selon une vieille légende, ce château était naguère entouré de gigantesques bourgs. Il servait de lieu de pouvoir politique et économique, la cour servant de forum, la capitale de la région en quelque sorte. Jusqu’à ce qu’un événement tragique condamne ce monticule à (bien ?) porter son nom et à faire fuir le plus loin possible toute personne censée. Depuis, il persiste encore dans l’esprit des gens un fort sentiment de répulsion à l’égard de cette petite région autour de la colline maudite. La maison avait été sporadiquement habitée, avec entre chaque nouveau propriétaire une période plus ou moins longue, permettant d’effacer les traces de sang, et une baisse conséquente du prix.

Et de l’autre côté, des gens assez bêtes pour acheter ce bien immobilier. Dans ce cas précis, ce sera un jeune couple américain. Ne vous inquiétez pas je traduirai pour vous. Ce couple est composé d’un jeune homme de vingt-cinq ans et de sa compagne de vingt-deux ans. L’homme s’appelle John et travaille dans le service com’ d’un grande entreprise. Il n’aime pas vraiment son nom, trop commun à son goût, et se fait appeler THE JOE par ses collègues de travail. Il a même renvoyé une secrétaire ultra compétente qui refusait de se plier à son caprice. Il aime se promener longuement en vélo et parler à la télévision pendant les émissions de jeu. Il boit son café brûlant et serré tous les matins dans un bol avec toujours deux tartines beurrées. Il est très concerné par le réchauffement climatique, c’est pour cette raison qu’il a décidé d’installer au plus vite la clim’ dans leur nouvelle maison. Il est pourtant contre le protocole de Kyoto, premièrement parce que ce qu’il est contre tout ingérence étrangère dans la politique américaine et deuxièmement parce qu’il ne sait pas vraiment ce que c’est. Ce qui ne l’empêche pas d’en débattre devant une bière après le boulot. Ses principaux arguments sont « c’est étranger», « oui mais on loue la planète à nos enfants », loue, achète, vend, prête, emprunte, … tout dépend de son taux d’alcool dans le sang. Il a trompé sa femme une fois mais lui a promis de ne jamais recommencer. Cette maison est un peu leur seconde chance d’être enfin heureux.
La femme quant à elle se nomme Christina, même si son véritable nom est Jane. Je parie que si je vous révèle que leur nom de famille respective est Smith et Wesson, vous ne seriez pas du tout surpris. Christina aime plonger sa main dans un paquet d’allumettes et rêver devant les magazines sur les rois et les reines. Elle ne travaille pas mais possède une licence d’art, elle a abandonné ses études en rencontrant John. Elle boit un thé le matin et rien de plus. Cet aspect de sa personnalité est tout à fait déterminant. Elle n’est jamais trop ou jamais trop peu, pondérée et jamais excessive. Son seul vice est un vieux fantasme, elle rêve depuis longtemps que son mari, rentrant à la maison un peu saoul, lui claque les fesses avec une brosse à cheveux. D’abord doucement puis de plus en plus vite et plus en plus fort, laissant sa croupe rosir de plaisir. Mais elle n’a jamais osé lui en parler.

Ils ne sont pas vraiment méchants, juste un peu stupides et pas seulement pour avoir acheté cette maison. Ils vivent une vie paisible d’américain très moyen, n’ont qu’une vague idée du monde extérieur aux Etats-Unis, ne votent pas la plupart du temps et républicain le reste du temps. Ils croient en ce que leur raconte la télévision, tout en se disant qu’ils devraient peut- être la regarder moins. Un couple assez fade auquel on peut quand même s’attacher facilement. Leur candeur et leur sourire naturel émerveillent autant qu’ils agacent. Ils sont heureux d’être idiots, idiots d’être heureux.

C’est leur premier foyer. Leur nid douillet où viendra bientôt s’ajouter une armée d’enfants, sûrement aussi stupides que leurs parents, et ces enfants auront des enfants tout aussi stupides que leurs grands- parents, etcetera etcetera… Enfin si la maison n’avait pas été hantée car il est rare dans ce genre d’histoire que l’habitation accepte l’habitant aussi longtemps ; le temps pour se reproduire, en son sein. Soit elle les tue, soit elle les fait fuir.

En ce dernier jour du mois d’octobre, un taxi s’approche de cette gigantesque propriété. Arrivé à la hauteur du terrain que nos deux héros ont acheté, la vitesse du taxi se fait plus pressante.

- « Nous sommes sûrement en retard sur notre planning », dit d’un ton décidé la femme à son mari.
- « Tu dois avoir raison. »

La joie et l’allégresse emplirent leur âme à la vue de leur doux foyer.

Il ne fallut que cinq minutes au conducteur pour vider son taxi, hommes, femmes et bagages, et détaler à vive allure loin de ce lieu hanté.

-« Hanté ? » demanda la gour… la femme.

Non, je voulais dire paisible où prospèrent lapinous et fleurs de champs.

-« Ah ? Je préfère ça », dit l’homme avec un grand sourire aux lèvres.

Et joyeusement notre couple prit possession de leur château à mille euros. Au bout d’une heure, le peu de bagages qu’ils avaient, fut rangé soigneusement et avec amour dans les placards et les penderies. Et une autre heure plus tard, les déménageurs amenèrent le reste de leur vie d’avant.
A la nuit tombée, ils étaient enfin chez eux et pouvaient manger puis se reposer. Cette nuit serait la leur mais aussi celle d’Halloween.

Dong, dong sonnent les douze coups de minuit dans la vieille pendule à balancier. Attention jeune couple, les fantômes sont de sortie.

« - Qu’est ce que ce bruit ? » demanda-t-elle à son mari les yeux pleins de désespoir.
« - Ce n’est que le vent qui fait grincer les vieilles lattes du grenier », rassura-t-il.

« é……nié……..az » susurra le vent aux participants.

« - Est-ce un fantôme ? » demanda Christina.
« - Ce n’est que le vent qui fait grincer les vieilles lattes du grenier », se répéta-t-il, telle une formule magique. « Ce n’est que le vent qui fait grincer les vieilles lattes du grenier, continua-t-il. »

Quand dans un éclair de folie, la maison voulut faire fuir ses habitants en peignant les murs en rouge sang.

« - Ah ! », poussa-t-elle en un cri. « Et ça c’est le vent ? » finit-elle excédée et terrifiée.

L’homme ne répondit pas et l’enleva hors de la pièce. Ils parcoururent la maison de long en large fuyant sans même regarder les murs ensanglantés. Une minute, une éternité pour eux, plus tard ils se retrouvèrent dans l’entrée, l’endroit le plus calme et donc le plus sécurisé.

« Cela ne se peut », dit John tout essoufflé.

A ces mots, le vent repartit de plus belle, répétant inlassablement son morbide cantique plus inaudible que jamais. « …az …az…» croyait-on entendre.

« Que voulez-vous ? » tenta la femme dans un moment de courage.

Les lumières se mirent alors à clignoter comme pour attirer leur attention. Allant de plus en plus vite avant de s’éteindre totalement et de laisser le couple pour la première fois dans le noir complet.

L’homme attrapa un paquet d’allumettes et tout explosa autour d’eux quand il en alluma une. La maison n’était plus, ni eux d’ailleurs.

Il ne fallut qu’un millième de seconde pour que plus rien ne soit. Mais un temps avant que l’air s’embrase au contact de la flamme, celle-ci illumina un des murs ensanglanté « ETEIGNEZ LE GAZ » il était noté.

FIN.

Un très grand merci à Kid, oui le scénariste de jamais mort, pour ses critiques plus que constructive.

© de moi 2007 >_<
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D
Huhu pas mal ^^...<br /> Un blog bien simpa =)...,
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D
Très bonne petite histoire, bon déroulement mais on regrette juste une conclusion un peu hâtive. Une autre !
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M
Bah là j'en écrit trois en même temps, pas taper papa pas taper, donc soon.
A
Je l'ai déja lu C'ets bien, ca use bien les ficelles du genre et les détourne. Et la fin est bien et marrante.
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M
Ta critique me remplit, >_
B
J'ai la flemme de lire...Tu peux me faire la lecture ? kln
Répondre
M
L'allumette de trop.Cette histoire commence comme toutes les histoires de maison hantée. D’un côté, il y a un manoir où, accessoirement, ont été commis des crimes affreux, et qui se vend maintenant au prix d’un cabanon, bien entendu. Cette immense maison se trouve sur un lieu-dit, la colline maudite, à l’écart de tout autre village et ville alentour. Il faut donc une bonne voiture et beaucoup de patience pour rejoindre la civilisation. Selon une vieille légende, ce château était naguère entouré de gigantesques bourgs. Il servait de lieu de pouvoir politique et économique, la cour servant de forum, la capitale de la région en quelque sorte. Jusqu’à ce qu’un événement tragique condamne ce monticule à (bien ?) porter son nom et à faire fuir le plus loin possible toute personne censée. Depuis, il persiste encore dans l’esprit des gens un fort sentiment de répulsion à l’égard de cette petite région autour de la colline maudite. La maison avait été sporadiquement habitée, avec entre chaque nouveau propriétaire une période plus ou moins longue, permettant d’effacer les traces de sang, et une baisse conséquente du prix. Et de l’autre côté, des gens assez bêtes pour acheter ce bien immobilier. Dans ce cas précis, ce sera un jeune couple américain. Ne vous inquiétez pas je traduirai pour vous. Ce couple est composé d’un jeune homme de vingt-cinq ans et de sa compagne de vingt-deux ans. L’homme s’appelle John et travaille dans le service com’ d’un grande entreprise. Il n’aime pas vraiment son nom, trop commun à son goût, et se fait appeler THE JOE par ses collègues de travail. Il a même renvoyé une secrétaire ultra compétente qui refusait de se plier à son caprice. Il aime se promener longuement en vélo et parler à la télévision pendant les émissions de jeu. Il boit son café brûlant et serré tous les matins dans un bol avec toujours deux tartines beurrées. Il est très concerné par le réchauffement climatique, c’est pour cette raison qu’il a décidé d’installer au plus vite la clim’ dans leur nouvelle maison. Il est pourtant contre le protocole de Kyoto, premièrement parce que ce qu’il est contre tout ingérence étrangère dans la politique américaine et deuxièmement parce qu’il ne sait pas vraiment ce que c’est. Ce qui ne l’empêche pas d’en débattre devant une bière après le boulot. Ses principaux arguments sont « c’est étranger», « oui mais on loue la planète à nos enfants », loue, achète, vend, prête, emprunte, … tout dépend de son taux d’alcool dans le sang. Il a trompé sa femme une fois mais lui a promis de ne jamais recommencer. Cette maison est un peu leur seconde chance d’être enfin heureux. La femme quant à elle se nomme Christina, même si son véritable nom est Jane. Je parie que si je vous révèle que leur nom de famille respective est Smith et Wesson, vous ne seriez pas du tout surpris. Christina aime plonger sa main dans un paquet d’allumettes et rêver devant les magazines sur les rois et les reines. Elle ne travaille pas mais possède une licence d’art, elle a abandonné ses études en rencontrant John. Elle boit un thé le matin et rien de plus. Cet aspect de sa personnalité est tout à fait déterminant. Elle n’est jamais trop ou jamais trop peu, pondérée et jamais excessive. Son seul vice est un vieux fantasme, elle rêve depuis longtemps que son mari, rentrant à la maison un peu saoul, lui claque les fesses avec une brosse à cheveux. D’abord doucement puis de plus en plus vite et plus en plus fort, laissant sa croupe rosir de plaisir. Mais elle n’a jamais osé lui en parler. Ils ne sont pas vraiment méchants, juste un peu stupides et pas seulement pour avoir acheté cette maison. Ils vivent une vie paisible d’américain très moyen, n’ont qu’une vague idée du monde extérieur aux Etats-Unis, ne votent pas la plupart du temps et républicain le reste du temps. Ils croient en ce que leur raconte la télévision, tout en se disant qu’ils devraient peut- être la regarder moins. Un couple assez fade auquel on peut quand même s’attacher facilement. Leur candeur et leur sourire naturel émerveillent autant qu’ils agacent. Ils sont heureux d’être idiots, idiots d’être heureux. C’est leur premier foyer. Leur nid douillet où viendra bientôt s’ajouter une armée d’enfants, sûrement aussi stupides que leurs parents, et ces enfants auront des enfants tout aussi stupides que leurs grands- parents, etcetera etcetera… Enfin si la maison n’avait pas été hantée car il est rare dans ce genre d’histoire que l’habitation accepte l’habitant aussi longtemps ; le temps pour se reproduire, en son sein. Soit elle les tue, soit elle les fait fuir. En ce dernier jour du mois d’octobre, un taxi s’approche de cette gigantesque propriété. Arrivé à la hauteur du terrain que nos deux héros ont acheté, la vitesse du taxi se fait plus pressante. - « Nous sommes sûrement en retard sur notre planning », dit d’un ton décidé la femme à son mari. - « Tu dois avoir raison. » La joie et l’allégresse emplirent leur âme à la vue de leur doux foyer. Il ne fallut que cinq minutes au conducteur pour vider son taxi, hommes, femmes et bagages, et détaler à vive allure loin de ce lieu hanté. -« Hanté ? » demanda la gour… la femme. Non, je voulais dire paisible où prospèrent lapinous et fleurs de champs. -« Ah ? Je préfère ça », dit l’homme avec un grand sourire aux lèvres. Et joyeusement notre couple prit possession de leur château à mille euros. Au bout d’une heure, le peu de bagages qu’ils avaient, fut rangé soigneusement et avec amour dans les placards et les penderies. Et une autre heure plus tard, les déménageurs amenèrent le reste de leur vie d’avant. A la nuit tombée, ils étaient enfin chez eux et pouvaient manger puis se reposer. Cette nuit serait la leur mais aussi celle d’Halloween. Dong, dong sonnent les douze coups de minuit dans la vieille pendule à balancier. Attention jeune couple, les fantômes sont de sortie. « - Qu’est ce que ce bruit ? » demanda-t-elle à son mari les yeux pleins de désespoir. « - Ce n’est que le vent qui fait grincer les vieilles lattes du grenier », rassura-t-il. « é……nié……..az » susurra le vent aux participants. « - Est-ce un fantôme ? » demanda Christina. « - Ce n’est que le vent qui fait grincer les vieilles lattes du grenier », se répéta-t-il, telle une formule magique. « Ce n’est que le vent qui fait grincer les vieilles lattes du grenier, continua-t-il. » Quand dans un éclair de folie, la maison voulut faire fuir ses habitants en peignant les murs en rouge sang. « - Ah ! », poussa-t-elle en un cri. « Et ça c’est le vent ? » finit-elle excédée et terrifiée. L’homme ne répondit pas et l’enleva hors de la pièce. Ils parcoururent la maison de long en large fuyant sans même regarder les murs ensanglantés. Une minute, une éternité pour eux, plus tard ils se retrouvèrent dans l’entrée, l’endroit le plus calme et donc le plus sécurisé. « Cela ne se peut », dit John tout essoufflé. A ces mots, le vent repartit de plus belle, répétant inlassablement son morbide cantique plus inaudible que jamais. « …az …az…» croyait-on entendre. « Que voulez-vous ? » tenta la femme dans un moment de courage. Les lumières se mirent alors à clignoter comme pour attirer leur attention. Allant de plus en plus vite avant de s’éteindre totalement et de laisser le couple pour la première fois dans le noir complet. L’homme attrapa un paquet d’allumettes et tout explosa autour d’eux quand il en alluma une. La maison n’était plus, ni eux d’ailleurs. Il ne fallut qu’un millième de seconde pour que plus rien ne soit. Mais un temps avant que l’air s’embrase au contact de la flamme, celle-ci illumina un des murs ensanglanté « ETEIGNEZ LE GAZ » il était noté. <br /> FIN.<br />